22 décembre 2008

Recyclage

Je suis récemment allé voir, entre autres films, « The day the Earth stood still » (le jour où la terre s’arrêta), cuvée 2008. Cette nouvelle version est librement inspirée du film homonyme de 1951.
Un extra-terrestre débarque sur Terre, accompagné de son gros robot cyclope qui lance des rayons mortels (ah ben oui, c’est de la science-fiction de 1951). Alors qu’il vient délivrer un message de paix, il est chaleureusement accueilli par une joyeuse bande de militaires farceurs qui lui collent une balle dans le buffet.
Mais parce qu’il en faut plus pour arrêter Klaatu (c’est son nom), le bonhomme échappe à la garde des farceurs susmentionnés et décide de se balader au milieu des terriens dans son beau costume d’humain tout neuf, pour apprendre à les connaître et, accessoirement, savoir si cette espèce représente effectivement un danger pour la galaxie qu’il faudrait éradiquer.




Ça, c’était plutôt la version 1951. Aujourd’hui, curieusement, Klaatu nous revient un peu plus radical. Ce qui faisait le charme de l’extra-terrestre original, c’était son humanisme démesuré. Klaatu a une foi inébranlable en tout ce qui fait preuve d’intelligence et d’empathie. S’il ne préfère pas perdre son temps avec ceux qui n’en valent pas la peine (cf. « Je ne suis impatient que vis-à-vis de la stupidité, c’est le plus grand fléau de votre espèce »), il n’en demeure pas moins confiant dans la capacité à la paix que les humains pourront développer, éventuellement, un jour, peut-être…
Keanu « Klaatu » Reeves, aujourd’hui, manque de cette profondeur. On perd même la magie qui nous laissait imaginer comment Klaatu avait pu s’évader par exemple (en 2008 on n’imagine plus on a besoin que tout nous soit expliqué dans le détail). Le personnage moderne est navrant de vacuité, il n’est réduit qu’à sa fonction et on dirait que toute tentative pour développer une opinion personnelle le ferait transpirer à grosses gouttes. Chaque fois que les caricatures qui lui servent d’interlocuteur le mettent en porte-à-faux, il avance la mission qui lui a été confié et c’est comme ça ce n’est pas sa faute.


Keanu Reeves jouant Keanu Reeves

Cette mission, c’est un génocide écologique. Les militants écolos les plus extrémistes n’y avaient pourtant pensé à celle-là (enfin j’espère). L’humanité détériore la planète et donc, pour la sauver, il suffit d’éradiquer l’espèce humaine. Klaatu est donc venu pour parlementer avec… avec personne en fait puisque le processus de destruction est déjà lancé quand il arrive et qu’il n’estime personne digne de parler pour l’humanité. Je rappelle que l’ancien Klaatu, celui de 1951, discutait vraiment avec les humains et cherchait une solution pacifique au cœur de la guerre froide.
C’est en effet le contexte historique qui a fait de chaque film son sujet central : un message de paix pendant la guerre froide (1951), et un message écologique culpabilisant aujourd’hui (2008). Ce phénomène intéressant est présent dans bon nombre de réadaptations, particulièrement en science-fiction. L’exemple le plus célèbre, pour ceux que ça intéresse, étant sans doute la longue saga des body-snatchers, qui retranscrivent, chacun dans sa décennie, les peurs de son époque.




"Je crois que mon tailleur se fout de ma gueule !"


« The day the Earth stood still » était un film pacifiste dont la réussite tient essentiellement à son personnage central et au message qu’il délivre, dans un contexte historique particulièrement tendu (rappelons-nous que tous les américains s’attendaient alors à une troisième guerre mondiale d’un moment à l’autre).
Le message de la version 2008 est très différent, et il est même franchement douteux. Je m’explique : Klaatu et son peuple ont décidé d’exterminer la race humaine pour protéger la Terre et le reste de la galaxie d’une espèce irresponsable et belliqueuse. On nous explique ainsi qu’une civilisation, du haut de sa supériorité auto-affirmée, a le droit de s’approprier l’avenir d’une autre, « for the greater good » comme on dit là-bas. Ça ne vous rappelle rien ? Oui c’est un concentré de politique extérieure américaine contemporaine !Bien sûr on va me répondre que c’est du 2e degré, et que le but est de dénoncer cette politique-là. À cela je répondrai que si c’est le cas, c’est tellement subtil que presque tout le monde passera à côté. Ma conclusion reste donc la même : c’est carrément dangereux de véhiculer ce genre de message !



"Klaatu Verada Nikto"
Bruce Campbell

6 décembre 2008

28 novembre 2008


Je suis tombé récemment sur la page d'aide du site de la FNAC. J'y ai rencontré la charmante Clara, hôtesse virtuelle de cette page. Clara est un avatar virtuel basé sur un système d'IA à apprentissage progressif (plus on lui parle plus elle a de vocabulaire et de répartie). Elle est quand même bien plus mignonne que Google !

J'avais déjà testé un de ces systèmes il y a quelques années et ce n'était vraiment pas concluant, mais là franchement je suis impressionné. Bien sûr on atteint rapidement les limites d'un tel système si, comme moi, on s'emploie bêtement à papoter avec l'avatar au lieu de lui poser des questions liées à sa fonction initiale, mais quand même ça va loin. Je me suis même demandé à un moment donné si quelqu'un ne lisait pas ce que j'écrivais.

Je vous invite tous à aller discuter un peu avec Clara, elle se sent un peu seule dans son univers monté en boucle, même si elle refuse de l'avouer (je n'ai même pas pu avoir son numéro). Elle m'a quand même confié qu'elle n'existait pas dans notre monde ce qui, finalement, est une pensée plutôt humaine, non?

Je sais ça n'a rien à voir avec l'écriture cinématographique mais :
1) Je fais ce que je veux d'abord !
2) Comme me le faisait remarquer Pico, si on couple ça avec les nouveaux processeurs biologiques avec des vrais neurones nourris au grain, on a un scénario un peu flippant sur les bras. Comme quoi...
3) Y a pas de 3 (cf. 1 )

"L'intelligence artificielle se définit comme le contraire de la bêtise naturelle."
Woody Allen

18 novembre 2008

Max peine, ou le film qui pfffrte

Qu’y a-t-il de pire qu’un mauvais film ? Un mauvais film qui aurait pu être très bon !
J’ai mis un moment avant de trouver une façon de décrire les états d’esprit par lesquels je suis passé lorsque je suis allé voir Max Payne au cinéma. J’ai finalement trouvé la métaphore adéquate : ce film est un soufflé au fromage.

Phase 1 : Vous mettez le soufflé au four ; vous êtes enthousiaste, vous savez qu’il est fait de bons ingrédients. Le soufflé cuit et monte lentement, il est de plus en plus appétissant et vous donne l’eau à la bouche.
Phase 2 : Et soudain, c’est le drame, ça fait pfffrt. Oui, pfffrt, avec 3 « f ».
Phase 3 : Le soufflé s’affaisse mollement et la déception s’empare du gourmet.
Mais reprenons notre soufflé sous sa forme filmique.



Phase 1 : Dès les premières scènes, le film annonce une identité graphique très marquée. Le travail sur la lumière et les textures est impressionnant. Certaines couleurs sont renforcées tandis que d’autres sont désaturées, classique aujourd’hui mais c’est à la fois mieux utilisé et mieux exécuté que dans Sin City, par exemple. Ce travail graphique nous plonge dans un autre univers, et c’est bien le New York sombre et froid de Max Payne. On ne sent pas vraiment le climat apocalyptique d’une ville ravagée par le Valkyr malheureusement, mais certains décors semblent directement extraits du jeu.
La sauce est un peu longue à prendre mais cette première moitié de film est plutôt engageante. Le personnage est amer, mû par la volonté de vengeance, et un élément déclencheur va mettre en marche un parcours funeste qu’il ne peut arrêter sous peine de tomber définitivement.
Jusqu’ici tout va bien, c’est Max, tout ce qu’il faut (ou presque) est là et les altérations inhérentes au processus d’adaptation ne dérangent pas outre mesure.
Le personnage de Mona est complètement creux et c’est bien dommage, mais on se dit que, l’intrigue se concentrant essentiellement sur Payne, ça pourra passer quand même.

Seulement voila, le soufflé arrive en phase 2 et, dans une vesse pathétique, il pfffrte (du verbe pfffrter donc). Max est sur le point de renoncer et trouve dans le souvenir de sa défunte famille la force de continuer, c’est l’esprit Max Payne. Et à ce moment précis, les scénaristes craquent et commettent l’irréparable : Max se shoote à la Valkyr pour tenir le coup et le grand n’importe quoi commence.


Phase 3 : la déception. La suite n’est qu’un enchaînement de phases de shoot vides de sens, une parodie de ce à quoi certains réduisent parfois les jeux vidéo auxquels ils n’ont même jamais joué. Mark Wahlberg hurle à s’en faire péter les veines du front et on s’attend presque à le voir devenir vert et craquer la chemise. Ce gâchis lamentable mène à un final navrant qui laisse un goût de brûlé dans la bouche, d’autant plus désagréable qu’on avait été mis en appétit par la première heure du film.

J’attache, peut-être à tort, beaucoup d’importance à la dernière réplique d’un film. L’excipit de Max Payne résonne encore dans mes oreilles : « Max Payne est vivant ».Non. Il est mort, et sur les murs, des lettres de sang accusent : « John Moore m’a tué ».



« La déception est bien moins pénible quand on ne s’est point d’avance promis le succès. »
Sénèque

1 novembre 2008

Serveur caractériel

Les images du blog seront à nouveau disponibles dans 24h parce que (je cite) "le serveur a compris la requête mais refuse de la satisfaire" (fin de citation).
Je ne savais pas que les serveurs d'hébergement étaient dotés d'une IA leur permettant de se montrer caractériels et capricieux. Après avoir négocié avec le serveur en lui payant un café, nous sommes arrivé à un accord.
En fait, mon hébergeur, qui se trouve être free, me rappelle gentiment que l'hébergement doit se faire à des fins de création d'un site personnel. Donc je vais leur mettre un bel index.html qui les renverra ici et ils seront heureux.
Si quelqu'un connaît un hébergeur de fichiers gratuit moins pénible je suis preneur.

"Les ordinateurs sont comme les Dieux de l'Ancien testament : beaucoup de règles et aucune pitié."
Joseph Campbell

30 octobre 2008

Juste une blague...


« Coluche - l’histoire d’un mec » : voilà encore un exemple caractéristique de biopic « sur le fil », entre fiction et documentaire. Il s’agit bien d’une fiction car, à l’exception des moments publics (les séquences de spectacles sont reproduites au millimètre et à l’intonation près), l’intégralité du récit est reconstitué. Bien sûr tout cela est basé sur un travail journalistique, mais il n’empêche que ça reste du domaine de la fiction.

Pourtant l’approche stylistique de ce film est bien celle d’un documentaire. La structure narrative en puzzle, composition hachée d’éléments achronologiques, nous donne une impression de moments pris sur le vif, ou sélectionnés comme les séquences choisies d’un documentaire.
Le traitement du sujet (la candidature de Coluche aux présidentielles de 1981 et la campagne qui s’en est suivie) est brut, sans concession, parfois dur envers l’icône elle-même. Ce parti pris est celui de la représentation du vrai, loin des biopics qui nous présente un personnage semi-légendaire qui n’a aucune substance réaliste (cf. biopics américaines de base).
« Coluche » est aussi le portrait d’une époque, celle de la France des années 1980, dont les préoccupations seront toujours présentes presque 30 ans plus tard. Aucun spectateur ne manquera de se poser la question : que dirait ou ferait cet homme aujourd’hui ? Ce regard sur le passé est aussi un moyen de mettre en lumière les changements que la France a subie ces dernières décennies.



Une double écriture très fine, pas très poussée mais du coup très légère, sous-tend tout le récit. La scène qui m’a le plus marqué est un très bel exemple de double langage : une petite fille qui marche, un petit garçon caché derrière un mur qui lui fait peur quand elle passe, par surprise ; et le dialogue suivant :
« Ah c’est malin !
– oh ça va, c’était juste une blague…
– ouais… juste une blague… »

Vraiment, c’était juste une blague ?

"On croit que les rêves, c'est fait pour se réaliser. C'est ça, le problème des rêves : c'est que c'est fait pour être rêvé."
Coluche

12 octobre 2008

That's the Spirit !


Dans la mise en image de toute biopic se pose la question du choix des comédiens : qui va bien pouvoir incarner le personnage dont on retrace l’existence ? Il convient d’être ressemblant, un minimum, pour être crédible, un maximum. Combien de critiques et autres observateurs cinéphiles ne manquèrent pas de s’extasier devant la métamorphose de ces comédiens qui, l’espace d’un film, nous ont fait croire qu’ils étaient une autre figure connue. C’est évidemment beaucoup plus difficile d’être crédible dans le rôle de quelqu’un dont le visage est familier que dans celui d’un personnage inconnu.
Ah oui, vraiment ?


Bien sûr on se heurte à l’Image, celle dont toute célébrité est affublée et qui varie un peu au gré des relais médiatiques. On peut choisir de s’y calquer ou au contraire de s’en dégager, mais cette Image constitue un point de repère qui est le fondement de la biopic. Et finalement cette image n’est-elle pas un matelas confortable sur lequel les comédiens peuvent venir se reposer ? N’est-ce pas finalement plus délicat de créer un lien empathique avec un personnage qui n’a jamais eu d’existence que dans l’imagination d’un scénariste ?

Lorsqu’il a choisi 6 acteurs différents (vraiment différents) pour incarner Bob Dylan dans « I’m not there » Todd Haynes n’a pas choisi la facilité. Mais c’est pourtant ce choix qui lui a permis d’atteindre, non pas l’Image du chanteur, mais l’esprit d’un homme. Un homme qui, comme tout un chacun, n’a cessé d’évoluer au cours de sa vie. Autant de facettes de Dylan, autant de comédiens. Aucun d’entre eux ne représente le vrai Dylan, et cette vérité qui est la faille de toute biopic, Haynes l’assume pleinement dès le début. Débarrassons-nous d’une réalité que nous ne pourrons jamais atteindre et faisons ce que nous savons faire : de la fiction. En effet la biopic, bien qu’inspirée d’une vie, ne constitue pas un documentaire et à confondre réalité et cinéma, on porte atteinte à la vérité de ces figures légendaires que le cinéaste ne connaît pas aussi bien qu’il voudrait souvent le faire croire.

Je crois que le secret d’une adaptation réussie n’est pas dans la fidélité mais dans la « capture » de l’Esprit d’une œuvre. Il en va de même pour la biopic et Todd Haynes, en assumant l’imperfection de son média, a su représenter l’Esprit de Dylan beaucoup plus facilement et avec bien plus de respect pour son sujet que s’il s’était soucié de fidélité réaliste.

« L’identité n’est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l’existence. »
Amin Maalouf

4 octobre 2008

Double peine

La mouture moderne (2005) de Battlestar Galactica, space opera des années 1980, est une merveille scénaristique. Les ramifications complexes, passionnantes et d’une cohérence irréprochable des relations entre les personnages ; les réflexions poussées mais jamais pompeuses sur notre mode de vie ; la finesse des dialogues et des situations présentées ; tout cela est d’une précision admirable, un vrai travail d’horloger.





Attention ça va spoiler !

Vers la fin de la saison 3, à la fin d’un épisode particulièrement intense (le n°17 : Maelstrom), l’un des personnages principaux de la série trouve la mort. Le genre de truc que les scénaristes vicieux, c’est-à-dire à peu près tous, adorent faire. Il serait inconcevable de parler de la mort de manière implicative en « tuant » un parfait inconnu ; avec tout ce qu’on prend dans la gueule à longueur de récits, ce genre de méthode ne fonctionne plus. Non, le seul moyen de toucher le spectateur c’est de s’attaquer à un personnage auquel on est attaché et dont on a suivi les pas plusieurs années durant.




Mais là encore ce n’est pas suffisant. Le spectateur averti (qui en vaut deux et, vous allez le voir, ça a son importance) ne se laisse plus surprendre par ça non plus. Après des années de « je suis ton père », « en fait c’est moi le tueur » et autres « oh mon dieu il est mort et ça fait déjà trois fois cette saison ! » on a l’œil qui s’écarquille moins que les mâchoires. Alors qu’y a-t-il de particulier dans l’approche des géniaux scénaristes de BSG ? C’est que Kara Thrace, puisqu’il s’agit d’elle, meurt deux fois dans cet épisode. La deuxième est la plus parlante : elle trépasse, physiquement ; la première est plus subtile : elle meurt en acceptant la mort elle-même. Et le spectateur suit le même processus.




Voila comment ça se passe : dès le début de l’épisode Kara est condamnée. Si elle tire la tronche tout au long de l’épisode ce n’est pas juste parce qu’elle a des rêves bizarres, qu’elle est fatiguée ou déprimée, ou encore parce qu’elle a des hallucinations, non c’est tout simplement parce la mort pèse déjà sur ses épaules. Et ce fardeau s’accentue un peu plus à chacune de ses apparitions. Ses traits se creusent, petit à petit, et la gloire incandescente qui l’englobe comme une auréole à chacun de ses apparitions dans le Galactica est bien une froide vision de son trépas annoncé. Les scénaristes se permettent même de faire claquer les lumières sur son passage, en bon porte-malheur.
Avant qu’on ne la laisse affronter sa propre mort, Kara doit faire face à celle de sa mère. C’est à travers ce processus, imaginé au cours d’une introspection mystique, que le relai se transmet. La mère de Kara fait accepter à sa fille qu’elle va mourir et le spectateur suit le même processus vis-à-vis de son personnage adoré. C’est ainsi qu’au décès brutal de Kara, le spectateur n’est ni surpris, ni particulièrement triste. Bien sûr ça fait un peu de peine, mais on y a été préparé. La manipulation peut sembler absurde de prime abord, mais c’est lorsque l’on prend conscience que Kara a agonisé tout au long de l’épisode, et que la mort est pour elle un soulagement, que l’émotion arrive. Elle survient après coup, comme celle de son père spirituel, l’amiral Adama, qui fond en larmes après un moment très signifiant de relative sérénité.


Lien direct


« Partir c’est mourir un peu, mais mourir c’est partir beaucoup. »
Alphonse Allais

28 septembre 2008

Encre blanche

Saleté de page blanche !!!


Non, je ne suis pas aussi croyez que vous le fatigué !

(trop de boulot cette semaine, le blog sera mis à jour deux fois la semaine prochaine, si je survis)

"L'inspiration ne vient pas toute seule, il faut lui courir après avec une massue."
Jack London

19 septembre 2008

Cyberpunk


Je connaissais et appréciais depuis longtemps le petit côté piquant qui sous-tend toutes les productions Pixar, cette petite étincelle de satire insolente qui ne demande qu’à allumer un brasier dans nos crânes réceptifs. Mais là, franchement, je n’en suis pas revenu : Wall-E est allé beaucoup plus loin que tous ses prédécesseurs.
De quoi comment qu’est-ce qu’il dit il est dingue ? Wall-E ? Subversif ? Le gentil petit robot tout mignon, maladroit, pataud et terriblement touchant ? Mais non, c’est un divertissement innocent pour les petits et grands enfants.
Ben non, je vous assure, Wall-E est de loin le Pixar le plus subversif à ce jour, une vraie incitation à la révolte.




« Ça parle d’écologie ». Oui, mais pas l’écologie à la mode, celle des Yann Arthus-Bertrand et autres Nicolas Hulot qui nous expliquent qu’on va tous mourir bientôt parce que les humains sont des créatures épouvantables qui ne respectent rien.
Plaçons le contexte : nous sommes au 28e siècle et la terre est un gigantesque dépotoir. C’est complètement invivable et d’ailleurs plus personne n’y vit, à part les robots de compression de déchets de modèle Wall-E. L’humanité a valeureusement pris la fuite dans un grand vaisseau de tourisme et le dernier Wall-E, brave petit robot, nettoie inlassablement un petit bout de planète chaque jour.
« Ah, alors, ça parle bien d’écologie ! ». Certes, mais le message du film est plutôt : arrêtez d’avoir peur de tout et n’importe quoi, c’est peut-être pas nickel mais on y survivra, l’apocalypse n’est pas dans nos poubelles. Voila en quoi Wall-E est un film, peut-être pas anti-écolo, mais contre-écolo en tout cas.


« Il est gentil tout plein ce petit robot ». Oui, complètement, et c’est malgré lui qu’il devient un emblème de chaos, mais n’empêche qu’il fout le bocson. Le vaisseau dans lequel l’humanité a fui suit une mécanique routinière bien huilée et franchement ennuyeuse mais les humains, en bon poulets de batterie qu’ils savent si bien être, trouve cette monotonie rassurante. Car c’est bien de sécurité qu’il s’agit. Pas un pet de travers, il ne se passe rien de mal et pour cause : il ne se passe rien.



Et puis derrière le décor, il y a une bande de robots qu’on qualifie de « défectueux », dont le comportement ne correspond pas à leur fonction initiale, et qu’on enferme (bah oui ils font peur aux moutons). Wall-E lui-même est défectueux, puisqu’en parallèle de son opération de nettoyage il collectionne les objets qui titillent son imagination de gosse mécanique. Sauf qu’à l’inverse des autres « défectueux » Wall-E a toujours été libre, tout seul sur sa petite planète. Du coup il communique sa capacité à la pensée latérale, notamment à sa copine Eve (la furie caractérielle qui est gaulée comme un iPod), et sa liberté inaliénable, à tous les robots rejetés par la société.

Et ce joyeux petit monde va s’employer à semer le désordre un peu partout dans un seul objectif : que les humains sortent enfin de leur torpeur.Le message de Wall-E ? « N’écoutez pas les discours sécurisants qui vous poussent à avoir peur de tout… et foutez-moi un peu le bordel ». Finalement je rejoins l’avis général sur un point : ce film est parfait pour les enfants !


« Deux dangers ne cessent de menacer le monde : l’ordre et le désordre. »
Paul Valéry

11 septembre 2008

Adaptation collatérale

L’adaptation cinématographique est un sujet complexe et passionnant, et j’y consacrerai certainement un nombre conséquent d’articles. Le travail d’adaptation n’est pas celui d’un copiste qui se contente de transposer, tel quel, chaque élément d’un récit littéraire.
Parce que le média est différent, le récit est lui aussi profondément altéré par le processus d’adaptation.

Un certain nombre de lecteurs/spectateurs sont déçus dès lors que la version cinématographique de leur livre préféré dévie de l’œuvre originale. C’est bien dommage parce que, finalement, le secret d’une adaptation réussie ne passe pas forcément par la fidélité à la matière narrative, mais plutôt par la retranscription d’un message, une ambiance, un état d’esprit.

L’écrivain qui m’a le plus marqué est sans doute Philip K. Dick et, malgré le nombre substantiel de ses œuvres qui ont été portées à l’écran, l’essence de son œuvre est presque toujours passée à la trappe.
Les héros dickiens sont des personnages perdus dans un univers qui leur est étrange et étranger. La vision unique qu’ils ont de leur environnement pèse sur leurs épaules de tout son poids et, en cela, ils sont le reflet évident de leur créateur.
Bien sûr l’œuvre de Philip Dick ne se limite pas à cela mais c’est ce genre de ressenti qui caractérise, selon moi, une adaptation réussie. L’Esprit de l’œuvre doit subsister, indépendamment du récit.

Je finirai donc sur un exemple remarquable d’adaptation de l’« Esprit K. Dick». Il s’agit d’une œuvre originale, et pourtant cette série est plus représentative de la mythologie dickienne que bon nombre de tentatives d’adaptation. Il s’agit de la série britannique Life on Mars.
Sam Tyler se fait faucher par une voiture et se réveille 30 ans plus tôt, dans les années 1970. Placé dans un environnement qui ne lui correspond pas, désespéré mais déterminé, à l’écoute du moindre signe auquel se raccrocher, portant le fardeau d’un point de vue (et donc d’une réalité) que personne d’autre ne partage, il est incontestablement un héros dickien.

Si vous ne voyez pas la vidéo : http://www.dailymotion.com/Remingtown/video/x6pvg4_life-on-mars_webcam


***
« La réalité est un point de vue. » Philip K. Dick

Incipit

Bienvenue sur Remingtown !


Inspiré par mon pote Pico qui sévit sur Labouata, l’idée d’écrire un blog me trotte dans la tête depuis quelques temps. Pour être honnête j’étais bourré de préjugés vis-à-vis des blogs, et je ne trouvais pas de créneau pour moi entre les skyblogs écrits-griffonnés-vomis dont la seule vue me causait de vives douleurs à l’orthographe, et les journaux intimes remplis de détails peut-être truculents et sans doute véridiques, mais qui m’en touchent une sans faire bouger l’autre.


Seulement voilà je me suis rendu compte que j’avais tort et que, finalement, quand on écrit des trucs intéressants et/ou intelligents dans un blog, le lecteur en est forcément intéressé et/ou intelligé (si si, intelligé, c’est dans MON dictionnaire). Alors j’ai choisi ce support pour déverser les commentaires qui me viennent vis-à-vis de tel ou tel scénario qui m’aura particulièrement plus (ou pas), de telle ou telle problématique qu’un scénariste est susceptible de se poser (ou pas), ou de tel ou tel sujet que j’aurais jugé intéressant (ou pas) de porter à votre connaissance à tous (enfin à tous les deux quoi). Oui j’ai un stock de parenthèses à écouler, c’est important de rentabiliser sa ponctuation.


Je tiens tout de suite à préciser que je ne suis pas scénariste de profession, même si j’aspire à le devenir (enfin en ce moment je souffle plus que je n’aspire). Ce que j’écrirai sur ce blog n’engagera que moi et, si je dis n’importe quoi, j’invite les plus éclairés d’entre vous à en faire part dans les commentaires.
Les commentaires écrits en sms seront supprimés sans pitié ni préavis, et ce n’est pas la peine de me prendre pour un jambon on différencie très bien celui qui a une orthographe imparfaite d’un autre qui ne fait aucun effort et qui trouve que « le prin6pal cé kon pe lir ske jécri lol ».
Mis à part ces exceptions, tous les commentaires sont donc les bienvenus. Vous pouvez m’écrire directement à remingtown[at]gmail.com pour encouragement, proposition de mécénat, ou critique constructive et argumentée. Les messages d’insultes ou d’incultes, en revanche, sont à envoyer à balancetonspam@hotmail.com.


Je vous souhaite une bonne lecture et une bonne année 2008 (mieux vaux tard que jamais…) !


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« Rien ne fait mieux écrire que d'écrire sur ce qu'on aime. » Paul Léautaud