19 septembre 2008

Cyberpunk


Je connaissais et appréciais depuis longtemps le petit côté piquant qui sous-tend toutes les productions Pixar, cette petite étincelle de satire insolente qui ne demande qu’à allumer un brasier dans nos crânes réceptifs. Mais là, franchement, je n’en suis pas revenu : Wall-E est allé beaucoup plus loin que tous ses prédécesseurs.
De quoi comment qu’est-ce qu’il dit il est dingue ? Wall-E ? Subversif ? Le gentil petit robot tout mignon, maladroit, pataud et terriblement touchant ? Mais non, c’est un divertissement innocent pour les petits et grands enfants.
Ben non, je vous assure, Wall-E est de loin le Pixar le plus subversif à ce jour, une vraie incitation à la révolte.




« Ça parle d’écologie ». Oui, mais pas l’écologie à la mode, celle des Yann Arthus-Bertrand et autres Nicolas Hulot qui nous expliquent qu’on va tous mourir bientôt parce que les humains sont des créatures épouvantables qui ne respectent rien.
Plaçons le contexte : nous sommes au 28e siècle et la terre est un gigantesque dépotoir. C’est complètement invivable et d’ailleurs plus personne n’y vit, à part les robots de compression de déchets de modèle Wall-E. L’humanité a valeureusement pris la fuite dans un grand vaisseau de tourisme et le dernier Wall-E, brave petit robot, nettoie inlassablement un petit bout de planète chaque jour.
« Ah, alors, ça parle bien d’écologie ! ». Certes, mais le message du film est plutôt : arrêtez d’avoir peur de tout et n’importe quoi, c’est peut-être pas nickel mais on y survivra, l’apocalypse n’est pas dans nos poubelles. Voila en quoi Wall-E est un film, peut-être pas anti-écolo, mais contre-écolo en tout cas.


« Il est gentil tout plein ce petit robot ». Oui, complètement, et c’est malgré lui qu’il devient un emblème de chaos, mais n’empêche qu’il fout le bocson. Le vaisseau dans lequel l’humanité a fui suit une mécanique routinière bien huilée et franchement ennuyeuse mais les humains, en bon poulets de batterie qu’ils savent si bien être, trouve cette monotonie rassurante. Car c’est bien de sécurité qu’il s’agit. Pas un pet de travers, il ne se passe rien de mal et pour cause : il ne se passe rien.



Et puis derrière le décor, il y a une bande de robots qu’on qualifie de « défectueux », dont le comportement ne correspond pas à leur fonction initiale, et qu’on enferme (bah oui ils font peur aux moutons). Wall-E lui-même est défectueux, puisqu’en parallèle de son opération de nettoyage il collectionne les objets qui titillent son imagination de gosse mécanique. Sauf qu’à l’inverse des autres « défectueux » Wall-E a toujours été libre, tout seul sur sa petite planète. Du coup il communique sa capacité à la pensée latérale, notamment à sa copine Eve (la furie caractérielle qui est gaulée comme un iPod), et sa liberté inaliénable, à tous les robots rejetés par la société.

Et ce joyeux petit monde va s’employer à semer le désordre un peu partout dans un seul objectif : que les humains sortent enfin de leur torpeur.Le message de Wall-E ? « N’écoutez pas les discours sécurisants qui vous poussent à avoir peur de tout… et foutez-moi un peu le bordel ». Finalement je rejoins l’avis général sur un point : ce film est parfait pour les enfants !


« Deux dangers ne cessent de menacer le monde : l’ordre et le désordre. »
Paul Valéry

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