18 novembre 2008

Max peine, ou le film qui pfffrte

Qu’y a-t-il de pire qu’un mauvais film ? Un mauvais film qui aurait pu être très bon !
J’ai mis un moment avant de trouver une façon de décrire les états d’esprit par lesquels je suis passé lorsque je suis allé voir Max Payne au cinéma. J’ai finalement trouvé la métaphore adéquate : ce film est un soufflé au fromage.

Phase 1 : Vous mettez le soufflé au four ; vous êtes enthousiaste, vous savez qu’il est fait de bons ingrédients. Le soufflé cuit et monte lentement, il est de plus en plus appétissant et vous donne l’eau à la bouche.
Phase 2 : Et soudain, c’est le drame, ça fait pfffrt. Oui, pfffrt, avec 3 « f ».
Phase 3 : Le soufflé s’affaisse mollement et la déception s’empare du gourmet.
Mais reprenons notre soufflé sous sa forme filmique.



Phase 1 : Dès les premières scènes, le film annonce une identité graphique très marquée. Le travail sur la lumière et les textures est impressionnant. Certaines couleurs sont renforcées tandis que d’autres sont désaturées, classique aujourd’hui mais c’est à la fois mieux utilisé et mieux exécuté que dans Sin City, par exemple. Ce travail graphique nous plonge dans un autre univers, et c’est bien le New York sombre et froid de Max Payne. On ne sent pas vraiment le climat apocalyptique d’une ville ravagée par le Valkyr malheureusement, mais certains décors semblent directement extraits du jeu.
La sauce est un peu longue à prendre mais cette première moitié de film est plutôt engageante. Le personnage est amer, mû par la volonté de vengeance, et un élément déclencheur va mettre en marche un parcours funeste qu’il ne peut arrêter sous peine de tomber définitivement.
Jusqu’ici tout va bien, c’est Max, tout ce qu’il faut (ou presque) est là et les altérations inhérentes au processus d’adaptation ne dérangent pas outre mesure.
Le personnage de Mona est complètement creux et c’est bien dommage, mais on se dit que, l’intrigue se concentrant essentiellement sur Payne, ça pourra passer quand même.

Seulement voila, le soufflé arrive en phase 2 et, dans une vesse pathétique, il pfffrte (du verbe pfffrter donc). Max est sur le point de renoncer et trouve dans le souvenir de sa défunte famille la force de continuer, c’est l’esprit Max Payne. Et à ce moment précis, les scénaristes craquent et commettent l’irréparable : Max se shoote à la Valkyr pour tenir le coup et le grand n’importe quoi commence.


Phase 3 : la déception. La suite n’est qu’un enchaînement de phases de shoot vides de sens, une parodie de ce à quoi certains réduisent parfois les jeux vidéo auxquels ils n’ont même jamais joué. Mark Wahlberg hurle à s’en faire péter les veines du front et on s’attend presque à le voir devenir vert et craquer la chemise. Ce gâchis lamentable mène à un final navrant qui laisse un goût de brûlé dans la bouche, d’autant plus désagréable qu’on avait été mis en appétit par la première heure du film.

J’attache, peut-être à tort, beaucoup d’importance à la dernière réplique d’un film. L’excipit de Max Payne résonne encore dans mes oreilles : « Max Payne est vivant ».Non. Il est mort, et sur les murs, des lettres de sang accusent : « John Moore m’a tué ».



« La déception est bien moins pénible quand on ne s’est point d’avance promis le succès. »
Sénèque

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